Vue et description de la fameuse machine de Marly


Cette vue à vol d’oiseau permet d’embrasser l’ensemble du domaine de Marly : le château et ses jardins, tout en haut et au centre, ainsi que toutes les installations de la machine.

Au premier plan, au niveau de la machine, la Seine a subi de nombreux aménagements réalisés selon les préconisations de Vauban. Le fleuve est ainsi divisé en deux bras par une longue île formée par le rassemblement d’îles préexistantes. Le bras le plus large est exclusivement réservé à la machine, et la navigation et la pêche sont reléguées sur l’autre bras. De plus, les rives du fleuve ont été consolidées par des armatures de pieux bien visibles sur l’œuvre.

Le procédé du refoulement par étage est bien visible sur le coteau : le parcours de l'eau est divisé en trois tronçons. L'eau est puisée dans la Seine par des pompes. Celles-ci sont actionnées par un système de bielle-manivelle entraîné par les roues à aubes. L’eau est envoyée dans un premier réservoir ou puisard située 48,5m au-dessus du niveau du fleuve. A ce niveau, un second jeu de pompes propulse l'eau jusqu’au second puisard 56,50m plus haut. Un troisième jeu de pompes remonte l'eau encore 57m plus haut, jusqu'à la tour d'angle de l'aqueduc de Louveciennes d'où l'eau s'écoule par gravité jusque dans les réservoirs situés sur la gauche de l’œuvre.

Ces trois segments sont animés par une source unique d'énergie : la Seine. Il faut donc assurer l’entretien du mouvement  des manivelles des roues jusqu’aux pompes des puisards supérieurs. Pour cela, Arnold de Ville et, plus vraisemblablement, le charpentier Rennequin Sualem, élaborent un gigantesque système de tringlerie. On parle pour le premier tronçon (jusqu’au premier puisard) de petits chevalets et pour le deuxième (jusqu’au second puisard) de grands chevalets. Ces chevalets ou supports de bois soutiennent des chaînes ou tringles directement reliées aux manivelles des roues de la machine. Les tringles transmettent un mouvement de va-et-vient sur des centaines de mètres.

Dans l’enclos de la machine, fermé par de hauts murs, les infrastructures dédiées au fonctionnement de la machine sont visibles : magasins des tuyaux de fer, forges, scierie… L’auteur a également représenté des personnages aussi bien sur la machine que dans les différents lieux d’activités.

Cette gravure se compose de différentes feuilles de papier gravées et collées pour créer cette vue panoramique.

Lievin Cruyl (1640-1720)
1726
Eau-forte et burin
(c) Harry Bréjat / MDRM

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